Sa longue nef de plus de 120 mètres de long, baignée de lumière naturelle, est appelée la « cathédrale ». Pourtant, c’est bien une usine, et c’est une première à Nantes, qui a célébré son inscription au titre des monuments historiques en dévoilant sa plaque, ce mardi matin. Située au nord-est de la ville, à côté de la gare Haluchère, l’usine des Batignolles est depuis cet été protégée pour « son histoire et son intérêt architectural ». Une façon de ne pas oublier « les 40 ans d’industrie ferroviaire » qui ont fait vivre ce vaste site de 16 ha, méconnu des habitants, même si fréquenté aujourd’hui par quelque 200 salariés de l’entreprise Kelvion Thermal Solutions.
« A ses grandes heures, plus de 2.000 personnes travaillaient ici, c’était encore la campagne avec des cités ouvrières tout autour, raconte Solen Peron-Bienvenu, chercheuse à la direction régionale des affaires culturelles (Drac). Montage, levage, assemblage… Les locomotives qui sortaient d’ici entières, directement via le chemin de fer, étaient les ambassadrices d’une grande maison, celle de la famille Gouïn. »
C’est en 1918 que les propriétaires de la Société de construction des Batignolles (SCB), à l’étroit dans leurs locaux parisiens, décident de la construction de ces dix nefs à Nantes (dont ils sont originaires), sous le contrôle du célèbre ingénieur Eugène Freyssinet. « C’est un ensemble construit en béton armé et organisé de façon très cohérente, avec chaque nef qui correspondait à une étape de la construction, poursuit Solen Peron-Bienvenu. Ce qui est également remarquable voire exceptionnel, c’est qu’au fil des années, même après avoir été bombardé à deux reprises pendant la Seconde guerre mondiale, le site a toujours été lié à la production industrielle. »
Après des tourelles de chars, des tubes lance-torpilles et même des rotatives d’imprimerie, ce sont des échangeurs de chaleur que Kelvion Thermal Solutions produit ici plus de cent ans après, dans des locaux qui commencent tout de même à montrer des signes d’usure.
« Conserver l’esprit des lieux »
Etanchéité, réparations des façades… Ce « haut lieu de mémoire patronale et ouvrière » fera d’ailleurs l’objet d’un important chantier de rénovation dans les années à venir. Une restauration « difficile » dans la mesure où « l’objectif est de conserver la valeur architecturale et conserver l’esprit des lieux », annonce l’architecte Pierluigi Pericolo, en charge du dossier. Kelvion Thermal Solutions prévoit un investissement de 600.000 euros annuels pendant quatre ans pour que ce monument historique, de moins en moins atypique, garde son âme.
« Les patrimoines traditionnels (églises et châteaux, œuvres d’art et mobilier) continuent de former la majorité des biens protégés chaque année, indique la direction régionale des affaires culturelles. Toutefois, une augmentation sensible des catégories de biens protégés a eu lieu depuis les années 1970 : jardins, (…), patrimoine industriel, scientifique et technique (usines, bâtiments et ouvrages d’art ferroviaires, bateaux, trains…) occupent désormais une place non négligeable parmi les biens classés et inscrits. »
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