« Elle a les fesses plus larges que celles de Kim Kardashian. » Aux Lapidiales, les pierres sculptées parlent comme elles peuvent à leurs contemporains adolescents venus s’aventurer dans cette étonnante carrière, nichée dans un petit bois de Port d’Envaux, entre Rochefort et Saintes, en Charente-Maritime. La légèreté est éphémère. La fresque collective et internationale du « Monument aux morts pour rien » transperce les jeunes consciences pacifistes comme le drapeau patriote dans le corps d’un homme effrayé, griffé par les coups de burin de Robert Kéramsi.
« Elle a les fesses plus larges que celles de Kim Kardashian. » Aux Lapidiales, les pierres sculptées parlent comme elles peuvent à leurs contemporains adolescents venus s’aventurer dans cette étonnante carrière, nichée dans un petit bois de Port d’Envaux, entre Rochefort et Saintes, en Charente-Maritime. La légèreté est éphémère. La fresque collective et internationale du « Monument aux morts pour rien » transperce les jeunes consciences pacifistes comme le drapeau patriote dans le corps d’un homme effrayé, griffé par les coups de burin de Robert Kéramsi.
Séverine Joubert/ « Sud Ouest »
Séverine Joubert/ « Sud Ouest »
Sculptées à front de taille à partir de 2001, les carrières des Chabossières, autrefois exploitées pour sa pierre de Crazannes, fixent l’utopie d’un homme, Alain Tenenbaum, 77 ans aujourd’hui, comédien tombé en amour pour la Saintonge, en 2000. Père des Lapidiales, il est l’esprit qui a imaginé ces carrières vivantes et leur prolongement, la Galaxie des pierres levées : une œuvre monumentale, au long cours, qui est en train de naître à 2,7 km de là, sur la commune de Plassay.
Mais prenons cette petite tranche des « Sentiers de la pierre » par le bon bout, c’est-à-dire les carrières. Cette année, l’association des Lapidiales met l’Océanie en avant. Comme chaque été, des artistes du monde entier sculptent, devant les promeneurs, leurs œuvres dans d’immenses blocs de pierre. Les surfaces disponibles manquent depuis plusieurs années, alors les supports d’expression ont changé.
Séverine Joubert/ « Sud Ouest »
Le ciel est d’un bleu caniculaire et la pierre éclate de tout son blanc. Jonathan Mencarelli, sculpteur installé sur l’île de Moorea, affine le visage d’une femme aux courbes généreuses et lisses. « Il y a beaucoup de femmes quand même », commente l’ado. Juste remarque. Le travail de l’artiste est à nu ; au sol, un bloc quadrillé laisse deviner le travail préparatoire des artistes.
Musée à ciel ouvert
Les carrières sculptées sont à quelques enjambées. Un premier grand tableau s’offre aux visiteurs, invités à s’asseoir dans un théâtre de verdure naturel. Dans ce musée à ciel ouvert, il est important de prendre son temps tant chaque panneau regorge de détails, plus ou moins visibles, plus ou moins noircis par le temps. Les artistes successifs se sont joués des fissures et aspérités de la roche. Les racines de la végétation dessinent une frange clairsemée sur le haut de la cavité. Un grillage retient les chutes. « Et si tout s’effondrait ? Si ça se trouve, dans des centaines d’années, on ne retrouvera qu’un bout. » Si ça se trouve, oui.
Séverine Joubert/ « Sud Ouest »
En attendant, les mains des sculpteurs du XXIe siècle racontent leur monde, la vie, la mort, leurs espérances. Les références à la mythologie, aux codes de chacun des continents se multiplient. Aucun panneau d’information ne vient biaiser l’interprétation des œuvres signées et datées dans un coin de la roche. Ça manque ? Un peu. Mais ça laisse une place à Kim Kardashian…
Une famille a le nez sur son téléphone, avec a priori pas mal d’informations sur le site. Fausse piste. «- C’est quelle appli ? -On joue à Tèrra Aventura. – Mince. » Le géocaching de Nouvelle-Aquitaine a conduit la petite famille devant les catacombes, sculptées dans l’une des cavernes.
Il y fait frais. Une main refermée s’agrippe à la partie supérieure d’une « cellule » ; un visage en ressort telle une gargouille de sa cathédrale. Les thèmes se succèdent et se chevauchent : « L’Imaginaire du fleuve », « Terre planète vie », « Dans le ventre du monde », « De l’Abîme à l’azur », « Passe le temps », « Le Monument aux morts pour rien. »
Séverine Joubert/ « Sud Ouest »
Champ de mégalithes
Il est temps de reprendre le chemin. Les pierres nous parlent d’une utopie, d’une « galaxie », à trois petits kilomètres de là au « pôle Pierre de Crazannes ». La randonnée se poursuit sur une route de campagne, à découvert. Elle conduit à une forêt de chênes qui débouche sur un champ de mégalithes. Il se déploie en cercles et forme la Galaxie des pierres levées.
Inaugurée fin juin 2023, elle est la quintessence du rêve universaliste d’Alain Tenenbaum : réunir en un lieu les œuvres des artistes invités chaque année. Cette « utopie » est née dès la création des Lapidiales. 360 « mégalithes » sculptés et cinq pierres mères, pour chacun des continents, formeront un jour cette galaxie. Une soixantaine de sculptures déjà ont été installées sur leurs socles. L’une d’elles ressemblerait à Albus Dumbledore. ça se discute.
Les Lapidiales, route de Plassay à Port d’Envaux. La Galaxie des Pierres levées, à Plassay ou pour les automobilistes, accessible depuis l’aire de La Pierre de Crazannes, sur l’autoroute A 837 dans le sens Saintes-Rochefort. Entrée libre et gratuite à toute heure et toute l’année.
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