En marge du colloque international sur l’Imam Al-Maghili qui s’est tenu du 12 au 13 décembre 2022 à Alger en Algérie, les participants issus d’une quarantaine de pays d’Afrique et du reste du monde, ont visité en profondeur une partie de ce vaste pays du Maghreb. En effet, l’Algérie est un pays qui a un ancrage profondément religieux en témoignent les sites historiques, cultuels, touristiques et culturels emblématiques visités.
A travers l’organisation du grand événement qui a rassemblé des participants de plusieurs pays, l’Algérie nourrit l’ambition dans les années à venir de créer une plateforme religieuse et un pont de communication assez solide entre les peuples africains et des autres parties du monde sur ce qui les unit fort longtemps comme un dénominateur commun.
Ce dénominateur n’est autre que l’Islam, une religion de paix, de concorde, de solidarité et de partage entre les communautés. Et, à bien des égards, l’Algérie a les arguments pour se défendre aussi bien sur le plan religieux que touristique tant la nature a gratifié ce pays qui a arraché, par les armes, son indépendance en 1962, après une longue période mais surtout difficile, de domination coloniale. Le passé est certes derrière, mais la République Démocratique et Populaire d’Algérie a travaillé et continue cet élan de construction nationale pour que chaque algérienne et algérien sachent ce passé colonial tumultueux afin de tracer une trajectoire d’avenir radieux. En effet, le musée national du Moudjahid, un splendide chef d’œuvre construit au cœur de la capitale algérienne est le reflet d’une histoire, une radioscopie complète de la marche de ce pays de 1830-1962. Ce musée est dédié à tous les martyrs de la révolution algérienne ou la guerre de libération ayant abouti à l’indépendance totale le 5 juillet 1962. A l’entrée de ce temple des moudjahids, les photos des Présidents qui se sont succédé à la tête de l’Algérie sont alignées à droite. Plus le visiteur avance à l’intérieur, il découvre à travers une succession d’images sous forme de tableaux, de maquettes, statuts, des dessins, d’armes désuètes utilisées pendant la guerre de libération et d’autres objets matériels et immatériels inscrits au patrimoine historique et culturel de l’Algérie. Bref, ce musée à l’architecture moderne n’a rien omis sur l’histoire de l’Algérie. Chaque image, dessin ou objet est une représentation chargée de symboles que notre guide du jour, M. Belkaessa Rabi, visiblement passionné de son métier explique au détail près à haute et intelligible voix. En outre, l’espace de recueillement se trouve aussi à quelques mètres du trombinoscope des vingt-deux (22) combats ayant organisé la révolution algérienne. Ce qui attire l’attention de plus d’un visiteur de ce temple de l’histoire de l’Algérie, c’est surtout la réussite de la transposition de l’espace de guerre avec l’effusion de sang traduisant ainsi la violence et le crime plus abject perpétrés lors de cette résistance. On y voit les montagnes servant de base arrière où les soldats algériens se cachaient pour combattre l’ennemi. Le guide Belkaessa Rabi nous confie d’ailleurs que ces montagnes symbolisent la solidarité et surtout la détermination des soldats algériens à combattre sans faiblesse aucune l’ennemi et cela jusqu’à la victoire finale. Elles (les montagnes) ont fortement contribué dans la stratégie de combat face à un ennemi qui avait minutieusement préparé son coup suite à l’incident diplomatique qui avait eu lieu le 29 avril 1827. Un peu plus loin et toujours à l’intérieur de ce musée, trône la guillotine, une machine qui avait servi à l’exécution sommaire de certains algériens ayant opposé une résistance farouche à la domination coloniale. Bref, le musée du Moudjahid est une miniature de l’histoire de l’Algérie.
L’organisation de la religion islamique
L’Algérie est un pays qui a une longue tradition islamique. Les structures se réclamant de la religion islamique sont bien organisées et l’Etat veille au grain pour que ces organisations accomplissent scrupuleusement leur mission dans la paix et la quiétude sociale. En effet, dans la pratique de la religion islamique, l’Algérie compte des figures emblématiques dont les noms ont largement dépassé les frontières du pays. Sans être exhaustif, on peut citer les Cheiks Amadou Tidjani ; Abdourahamane Sahalabi ; l’Imam Al-Maghili sur lequel d’ailleurs un colloque international a été organisé du 12 au 13 décembre 2022. Toutes ces figures algériennes de la religion musulmane traditionnelle ont marqué leur époque et continuent d’influencer les adeptes se réclamant de leur obédience. En effet, nombre d’algériens vouent une considération aux différentes tendances de l’Islam. Et mieux, les grandes figures des confréries ou zaouïa comme Chazalia ; Al-Khadriya et Al-Tidjania constituent jusque-là des monuments historiques rangés dans le domaine de la sacralité. Des mosquées, écoles coraniques et mausolées sont bien entretenus et érigés en sites touristiques aussi bien pour les algériens que pour les visiteurs venant de l’extérieur. En plus, ce qui est singulier par rapport à ces espaces sacrés, c’est la propreté constante en dépit de leur ancienneté. Et l’Etat algérien investit méticuleusement pour que ces endroits puissent servir de modèle à la jeune génération du pays, dans le continent africain et même au-delà. La rénovation du complexe du mausolée Cheick Abdourahamane Sahalabi, beau-père de l’éminent érudit algérien en l’occurrence l’Imam Al-Maghili, au centre de la ville d’Alger, participe de ce regain d’intérêt insufflé au sommet de l’Etat. La réhabilitation de la salle de prière et le mausolée d’Abdourahamane Sahalabi, ainsi que de certains membres de sa descendance et des disciples témoignent de la conservation scrupuleuse du patrimoine historique et culturel de l’Algérie dans le domaine religieux. Les architectes chargés de la rénovation sont aussi conscients quant au respect de l’authenticité de certains aspects des lieux.
Béjaia, une ville chargée d’histoires et des sites touristiques
Nichée au pied des montagnes rocailleuses et verdoyantes, la ville de Béjaia est située à environ 245 km à l’Est de la capitale Alger. Elle est une ville construite en bordure de la mer méditerranée. Les potentialités économiques, culturelles et touristiques de Béjaia sont illimitées. Outre la mer méditerranée, Béjaia dispose des chaines de montagnes couvertes de neiges en période hivernale. Ce qui peut déjà attirer les visiteurs extérieurs à travers le tourisme de neige, un tourisme maritime avec la mer. Béjaia est aussi connue pour son complexe de raffinerie de sucre implanté à quelques encablures de la mer. A cela s’ajoute l’unité industrielle de l’huile de palme. Mais c’est surtout la casbah qui fait la renommée de cette ville portuaire. La citadelle ou la casbah construite sur une montagne avec un modèle architectural ancien donne une belle vue sur la ville de Béjaia. L’édification de cet extraordinaire monument remonte à la période médiévale. Elle est l’un des monuments les plus imposants de la ville qui avait d’ailleurs été utilisé comme protection de défense à l’époque espagnole. La casbah avait subi une détérioration pendant les différentes périodes notamment après l’indépendance. A l’intérieur de la casbah se trouve une mosquée datant de l’époque ottomane. Cette citadelle symbolise l’histoire de la région de Béjaia dans la mesure où elle comporte des édifices qui datent de l’antiquité. Elle est actuellement en cours de restauration avec un architecte disposant d’une grande expérience pour que tous les éléments archéologiques puissent être représentés. Selon le responsable de l’office national de gestion de l’exploitation des biens culturels classés, M. Aissoum Mesalt, l’Etat a injecté une somme d’environ 54 milliards de Dinars algériens pour la rénovation intégrale de la citadelle et éventuellement la réouverture des visites des lieux.
Sur le plan touristique, Béjaia émerveille plus d’un visiteur avec le Cap Carbon, un lieu touristique emblématique. Le Cap Carbon est une véritable merveille de la nature où plusieurs espèces sauvages y vivent paisiblement. A notre passage sur ce lieu magnifique, des signes circulent sur la bordure séparant le tunnel de la mer, tantôt en groupe et de fois à côté des visiteurs, faisant des grimaces et autres gestes qui font d’ailleurs rire. Cap carbon est un espace écologique avec une végétation extraordinaire. Pour accéder à ce haut site touristique, le visiteur est averti d’abord par une plaque indicative où il est écrit soigneusement « silence pour ne pas perturber les espèces ». En plus, il est formellement interdit de monter sur un engin à deux roues pour accéder à cette merveille de la nature. Dans le tunnel, une librairie par terre où sont exposés en vente des livres écrits en arabe, des romans africains, de la littérature française et bien d’autres articles ou objets touristiques. Au regard de son intérêt touristique certain, Cap Carbon est protégé par l’Armée algérienne. C’est une équipe de la Brigade Rapide d’Intervention (BRI) qui assure la protection des lieux. Cap Carbon est la nature à l’état pur qu’on ne saurait cesser d’admirer. Les merveilles de la ville de Béjaia, c’est aussi cette ressource naturelle qu’est la mer méditerranée. Elle constitue un lieu touristique attrayant pour nombre de touristes. Quant aux populations de cette ville, la fraicheur de la mer est tout simplement un lieu de détente, de loisir, de réflexion et partage d’expériences. On y voit d’ailleurs des hommes, femmes et enfants, tout âge confondu, prendre d’assaut surtout les soirs, les espaces aménagés pour leur divertissement. Pour la jeune étudiante en comptabilité qui a requis l’anonymat, cet espace aménagé en bordure de mer lui offre un cadre idéal pour les études, les réflexions sur les projets d’avenir. « Je suis venue en compagnie avec mon amie pour prendre de l’air et échanger sur un certain nombre de sujets d’intérêt commun », nous confie l’étudiante la vingtaine révolue. Par ailleurs, Bordj Moussa, une forteresse construite entre 1509 et 1555 à l’époque espagnole et la mosquée de Sidi Abdel Haq Al-Ishbili ont été également visitées par les participants au colloque international sur l’Imam Al-Maghili.
Tlemcen ou la route du commerce caravanier
Le périple d’une quarantaine de nationalités ayant participé au colloque international sur l’Imam Al-Maghili ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il s’est poursuivi sur d’autres villes algériennes. Prochaine destination, la ville de Tlemcen le 16 décembre 2022. Cette ville est située à l’Ouest d’Alger à environ 800 km. L’histoire retient que la ville de Tlemcen était le passage du commerce caravanier. La province de Tlemcen constituait un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe pour les échanges commerciaux. Des tableaux illustrant l’époque du commerce caravanier sont d’ailleurs visibles dans le hall du centre de recherche du patrimoine immatériel et historique de Tlemcen, ainsi que des manuscrits arabes datant de 1506. Tlemcen est aussi perçue comme une route de la recherche du savoir. Plusieurs érudits algériens étaient passés dans cette ville pour acquérir des connaissances ou enseigner le Coran et les hadiths du Prophète Mohamed (PSL).
En plus des montagnes magnifiques avec une végétation verdoyante, la ville de Tlemcen se caractérise par la présence de la célèbre grotte de Beni Ad, l’une des plus grandes au monde après celle du Mexique. C’est une grotte qui se trouve en altitude. Selon notre guide du jour, cette grotte accueille environ 4000 touristes par jour en période d’été en raison de 100 dinars chacun. La grotte est un véritable lieu de tourisme parce qu’elle est bien aménagée avec un éclairage à l’intérieur. Elle comporte trois grandes salles à savoir : la grande salle ; celle du king hall et la salle de la reine. A l’intérieur de cette grotte, des éléments archéologiques sont visibles à travers des pierres sous forme des crânes humains ; d’animaux féroces tels les lions et d’autres objets utilitaires. En effet, lorsqu’il pleut, la grotte absorbe l’eau et fortifie certains de ses éléments constitutifs. Une partie de la grotte est fermée au public pour éviter de porter toute atteinte aux éléments de cette belle et magnifique richesse naturelle et touristique de Tlemcen. En dehors de cette grotte et les montagnes que le touriste ne se lasse point de contempler, Tlemcen est aussi un réservoir de monuments religieux. C’est ainsi que le complexe de Sidi Boumediene Choaib ; l’école d’Iboun Kaldoun et la mosquée de Youssef Ben Shéfine ont été visités par les participants au colloque international sur l’Iman Al-Maghili avant de s’envoler pour une autre ville, Laghouat, cette fois-ci carrément aux portes du désert algérien.
Laghouat : une ville aux portes du Sahara algérien
La province de Laghouat ouvre les portes du Sahara algérien. La température est totalement différente de celles de Béjaia et de Tlemcen. Le Sahara offre une autre végétation caractérisée par des dunes de montagnes sablonneuses et des arbustes. Toutefois, ce qui est frappant dans cet immense espace saharien de l’Algérie, c’est le développement des infrastructures routières. Il est quasiment difficile pour ne pas dire impossible d’avoir une route de 100 Km qui n’est pas bitumée. Il en est de même pour la connexion au réseau électrique et l’adduction en eau potable. Autant dire que les autorités algériennes ont une maitrise totale du territoire en termes de développement des infrastructures et sur les autres indicateurs susceptibles de booster le développement humain. En outre, le village d’Ain Madhi situé à 75 km du chef-lieu de la province de Laghouat est le foyer de la confrérie Tidjania dans la mesure où c’est dans ce village qu’est né Cheick Amadou Tidjani, le guide précurseur de la confrérie qui porte d’ailleurs son nom. Ici, la tradition veut que lorsqu’un hôte de marque arrive, les cavaliers dans leur accoutrement traditionnel guerrier, l’accueillent avec des coups de fusils fabriqués de façon artisanale. L’ancienne mosquée de la zaouïa Al-Tidjania, la maison dans laquelle est né feu Cheick Amadou Tidjani et une exposition vente des produits artisanaux ont été visitées par les participants au colloque international sur l’Imam Al-Maghili avant de passer à une autre étape de cette tournée. Ouargla est aussi une ville située dans la partie désertique de l’Algérie. Elle est une zone de forte production de dattes. Le dattier est le principal arbre dominant dans la région. Les champs dattiers sont à perte de vue à quelques encablures de la ville de Ouargla. C’est dans la ville de Ouargla que la confrérie Al-Khadrya est fortement implantée avec à sa tête Hassane Al-Cherif.
Adrar ou le point de départ de l’érudit algérien Al-Maghili
Si les autres étapes du périple des participants au colloque international sur l’Imam Al-Maghili ont été effectuées en avion, le trajet Timimoune-Adrar d’une distance d’environ 200 Km a été réalisé par la voie terrestre. Heureusement que le développement des infrastructures routières est depuis longtemps l’une des priorités du gouvernement algérien. Malgré l’éloignement de la région d’Adrar et le fait qu’elle soit une zone purement désertique, le réseau routier reste formidable. Il est difficile de trouver dans cette zone un axe long de 50 Km où le bitume n’est pas passé. Des dunes de montagnes sablonneuses sont à perte de vue et témoignent ainsi d’un environnement totalement différent des précédentes villes visitées. Timimoune est un village emblématique dans la vie de l’Imam Al-Maghili, ses disciples et sa descendance dans la mesure où il avait passé un temps dans ce village pour enseigner et encadrer la population à la pratique de l’Islam. Sa femme Zeinab (la fille d’Abdourahamane Sahalabi) repose d’ailleurs en paix à quelques encablures du village de Timimoune. Le long périple en terre algérienne a trouvé son épilogue avec la visite du mausolée de l’Imam Al-Maghili dans son village natal.
En définitive, ce voyage en profondeur dans ce vaste pays aura permis à chaque participant de retenir que l’Algérie est un modèle de dialogue entre les différentes confréries de la religion musulmane d’une part mais aussi une terre qui regorge d’énormes potentialités touristiques, culturelles et économiques insoupçonnées d’autre part.
Par Hassane Daouda(onep), Envoyé Spécial
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