C’est un travail de mémoire colossal, une quête itinérante et artistique. Depuis une dizaine d’années, Jean-François Laidi, un habitant de Chartres, immortalise les monuments aux morts de la Grande Guerre.
Armé de son appareil numérique, il multiplie les prises de vues, dans toute la France, au fil de ses déplacements. Pour ce photographe professionnel retraité, la Journée nationale de commémoration de l’armistice du 11-Novembre 1918, marquant la fin des combats de la Première Guerre mondiale, a une résonance toute particulière. Il décrypte :
« Je suis originaire de la Moselle, qui a été annexée par les Allemands après la Guerre de 1870. Ma grand-mère, née en 1902, a connu les deux guerres mondiales. J’en ai beaucoup entendu parler dans mon enfance. Entre 1914 et 1918, le conflit a fait 1,4 million de morts en France. Il ne faut pas les oublier. »
Jean-François Laidi (photographe professionnel retraité)
Ce Chartrain explique qu’il ne s’est pas levé un matin en se disant qu’il allait se mettre à photographier des monuments aux morts.
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« Je me suis toujours intéressé aux plus beaux villages de France. Je prenais en photo la mairie, l’église, la place centrale et, souvent, il y avait un monument aux morts. Un jour, le directeur artistique d’une agence avec laquelle je travaillais m’a contacté, car il avait besoin d’illustrer la couverture d’un DVD consacré à la Première Guerre mondiale, se souvient-il. J’ai passé la nuit suivante à fouiller dans mes diapositives et je me suis rendu compte que j’en avais beaucoup photographié de monuments aux morts, sans que ce soit le sujet principal. »
Après s’être plongé dans ses archives, Jean-François Laidi a eu envie de creuser un peu plus cette thématique pour en faire un projet mémoriel.
C’est un travail infini. Chaque monument a une histoire. À Bennwihr, en Alsace, des impacts de balles sont toujours visibles sur les statues de deux femmes revêtues du costume traditionnel.
Jean-François Laidi a accumulé un peu plus de 13.000 clichés sur ce sujet. Si tous les départements de France sont représentés, les monuments aux morts de communes euréliennes tiennent une bonne place dans sa photothèque.
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« Je me limite aux plus beaux. Il faut qu’il y ait un intérêt esthétique », précise le photographe. Parmi ses coups de cœur, celui de Chartres, implanté sur la butte des Charbonniers, qu’il trouve « à la fois imposant et original ». Il s’intéresse aux détails, comme ce coq fièrement posé sur une colonne, à La Ferté-Vidame. À Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle), la statue d’un chien, compagnon de route d’un poilu, a attiré son attention.
Ses photos mettent en valeur le travail de sculpteurs méconnus ou célèbres, comme Aristide Maillol (1861-1944) et Félix Charpentier (1858-1924), qui avait installé son atelier à Chassant, dans le Perche. Une dizaine de monuments aux morts portent la signature de Félix Charpentier en Eure-et-Loir, à Chassant, Unverre, Bonneval ou encore Béville-le-Comte.
Son travail met en lumière ce que nous finissons par ne plus voir.
Il m’arrive encore d’être surpris par la découverte de l’un d’entre eux, tant la variété est grande et le sujet émotionnel. Il est difficile de rester indifférent devant tant de noms éteints à jamais.
Cet habitant de Chartres affirme avoir choisi cette approche pour « réveiller en nous notre mémoire qui doit être transmise, entretenue et sauvegardée pour les générations de demain ».
Son souhait le plus cher serait de réunir ses plus beaux clichés dans un livre. Pour ne jamais oublier.
Cérémonies. Des cérémonies de commémoration du 11-Novembre sont organisées dans de nombreuses communes d’Eure-et-Loir, aujourd’hui. À Chartres, la cérémonie officielle aura lieu à 11 heures, butte des Charbonniers ; à Dreux, à 11 heures, place Métézeau ; à Nogent-le-Rotrou, dépôt de gerbe, à 10 h 40, sur le parvis de l’hôtel de ville, cérémonie à 11 heures, place de la République ; à Châteaudun, rassemblement à 8 h 45 place Solange-Silly et à 10 h 45, devant le monument aux morts.
Hélène Bonnet
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